hafsa amir — pensieve

Hafsa Feriel Amir — petite lionne/vérité, justice, des prénoms pour façonner une identité solaire et indocile. Un patronyme qui résonne dans toutes les rues de Fès, symbole d'une influence que seuls les inconscients remettent en cause.


4 février 1927, vingt-trois ans — verseau.


Née à Fès, Maroc, entre les murs du riad familial. Les contours de la ville lui sont longtemps flous - interdits - et ce n'est qu'après les avoir quittés qu'elle apprend à les connaître. Fès a l'odeur de l'enfance, de son frère, du sable et du soleil. Londres est une terre promise mais morose, qui laisse un goût de liberté pleine de brume au bout de sa langue.


Féminin, elle.


Les virgules insolentes au coin des lèvres.


Il n'y a qu'un seul nom qui revient en boucle, cette même silhouette dont les contours se dessinent jusque dans ses rêves. C'est un regard noir, profond, souligné par un millier de constellations brunes ; c'est l'image même de l'interdit et du piège qui se referme ; c'est naïm, naïm, toujours naïm.
« Elle avait presque oublié à quel point elle avait aimé l’embrasser. Hafsa, elle avait préféré taire le souvenir, l’enterrer pour ne plus avoir à en supporter les images qui lui revenaient quelques fois, par flashs incohérents lorsqu’elle fermait les yeux. Peut-être par souci d’une décence qu’elle n’avait pas eu, probablement plus en raison du trouble qui s’était emparé d’elle ensuite. De l’agitation qui lui avait collé à la peau le reste de la nuit. »


Botaniste aux jardins botaniques de Londres.
Membre des filles de Chloris. 


Hafsa est une altesse, reine du royaume qu'elle s'est créé ; elle aime à prétendre que le monde est sien et qu'il n'y a rien que l'on puisse lui refuser, comme si elle avait le droit de tout. Il y a de la noblesse dans sa manière de se mouvoir et d'exister, une malice faussement langoureuse au fond des iris noirs qu'elle dépose autour d'elle. La vanité et l'orgueil comme remparts, toujours, et sa silhouette comme un tableau qu'elle vous laissera observer sans jamais approcher.
Elle a besoin que la vie s’enroule autour de son corps comme une seconde peau, que l’exaltation et les curiosités s’entremêlent pour accaparer son attention volatile — infiniment légère. Hafsa, elle s’amuse d’un tout et d’un rien, le temps d’une nano seconde seulement. Elle s’intéresse à tout ce que la terre peut lui offrir et à chaque merveille du monde, jusqu’à la prochaine. Les exceptions à la règle se font rares, si rares qu’elles se comptent sur les doigts d’une seule main ; la princesse du royaume corrompu de son vaurien de père n’est pas facile à combler. Il n’y a que les histoires et les plantes, les potions et les jolies choses qui réussissent l’exploit de la faire taire et de l’obnubiler.
Elle sait se montrer charmante, presque affable — toujours gracieuse. Mais si l'ennui lui prend, Hafsa pique, venimeuse lorsque ses mots se font épines.