guilhem verrier — indigo night
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Guilhem Verrier
Onglet 1
Âge : vingt-sept ans.
Occupation : poursuiveur tête-brûlée de l'équipe des Vivets de Naples ; la célébrité à laquelle il regoûte avec une forme d'ivresse, après avoir pensé celle-ci définitivement éloignée.
Head :
Habitation : rues ensoleillées d'un Naples où il apprend à se reconstruire depuis plusieurs mois, loin du Paris mortifère dont il avait fait son propre enfer.
Messages : 14
Date d'inscription : 26/03/2024
Onglet 2
Guilhem Jules Verrier
the devil makes us sin but we like it when we're spinning in his grip
ID CARD
1er janvier 1923 ; vingt-sept ans de débordements.
homme cisgenre.
L’amour comme religion aux merveilles putrides, conte auquel il s'est longtemps refusé de croire par principe et par fierté, mais qu’il poursuit malgré tout avec vénération — parfois dans le plus grand des secrets. De l’amour, Guilhem est pèlerin, adorateur inconditionnel ; il n’aime
L’amour du ciel fendu en deux, parcouru avec l’arrogance d’un Icare perché sur un balai ; le monde ouvert à bras écartés, lui pour qui la terre n’a jamais été assez, qu’une moitié d’univers où il se sent à l’étroit, étriqué. Voler comme symbolisme d’une liberté qu’il quémande et dont il fait son extase première – gardant le souvenir douloureux de l’époque où on l’en avait privé. Il redoute depuis un peu plus d’un an aux ivresses de la célébrité, nouveau
Déchet mâchouillé d’une noblesse méprisée, il est ce
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Il n'a vu que du blanc, d'abord. Du blanc sur les murs, du blanc sur les draps, sur les silhouettes floues qui s'affairaient à ses côtés. Sur le visage de sa sœur – le premier qu'il a réussi à distinguer. C'était avant qu'il se rappelle quoi que ce soit, avant qu'il ne comprenne comment il était arrivé là ; car la tête était encore trop lourde, vaseuse. Il saura plus tard que c'était la faute aux potions qu'ils lui avaient administrées, des doses de cheval pour supporter la douleur, et faire oublier jusqu'à la présence de son bras droit. Ça avait marché : parce que les premières secondes, il ne sentait rien du tout. Juste une impression bizarre, un instinct impalpable selon lequel quelque chose n'allait pas. Mais pour contrer cette désorientation, son réflexe initial n'avait pas été de songer à la présence de son corps, de s'examiner lui-même ; il avait d'abord voulu remettre de l'ordre dans le brouillon de ses pensées – l'esprit avant l'enveloppe. Sauf que rien ne semblait reprendre sa place, qu'il ne parvenait à effleurer que les vagues souvenirs d'un match dans les montagnes du Jura, du décor des hautes montagnes vertes qui se dessinaient autour du terrain. C'était une belle journée, et il n'arrivait qu'à se rappeler du soleil haut dans le ciel, de Marcel qui avait grommelé toute la matinée parce qu'il avait attrapé un sacré coup de soleil. Le reste n'existait pas : aucun indice qui aurait pu lui indiquer comment il était passé du paysage verdoyant, à la vue de tout ce blanc. Plus qu'autre chose, c'est d'abord ce trou de mémoire qui parvient à le faire paniquer ; dans le flou de cet égarement dont il s'extirpait seconde par seconde, il reprenait peu à peu conscience de son propre corps – qu'il possédait un buste, deux jambes, deux bras. Par réflexe, il se rappelle avoir voulu se redresser sur le lit d'hôpital, se redresser pour observer et bouger, parce que les souvenirs reviendraient peut-être si le sang remontait jusqu'à sa tête. Il s'était appuyé sur ses mains, il avait appuyé ses deux mains sur les draps – ou du moins, il avait cru le faire. Il n'avait pas vraiment songé devoir vérifier que ses dix doigts lui répondaient efficacement : pourquoi ne serait-ce pas le cas ? Il avait cru le faire, mais alors que son épaule gauche se surélevait, tout son flanc droit avait manqué de s'affaisser brutalement sur le lit. Son cœur avait manqué un battement et son esprit s'était affolé, comme si une alerte interne venait tout juste de se déclencher pour souligner l'anormalité de la situation. Pour la première fois, il avait alors fait l'effort de guider sa conscience vers son bras droit, de faire glisser les rhizomes engourdis de sa perception contre son biceps, son coude, son poignet, sa —
Il n'y avait rien.
Il n'y avait rien.
Monstruosité d'une absence encore cachée par les plis des draps et qu'il n'a pas osé dévoiler, par peur de la découverte. Il ne sentait rien, plus rien. Son souffle s'est bloqué dans sa gorge, et un gémissement atroce a dû s'échapper de ses lèvres à ce moment-là. Adélaïde avait certainement prononcé son prénom, posé sa main sur son épaule pour l'apaiser, pour essayer de le calmer et attraper son attention, mais il n'a même pas remarqué qu'elle l'avait interpelé. Il ne l'avait même pas regardée à vrai dire, puisqu'il n'y avait que le blanc des draps, le blanc qu'il fixait, alors que son rythme cardiaque s'emballait à toute allure. Il a eu l'impression d'étouffer, de devoir prendre des respirations plus grandes à chaque seconde pour continuer à remplir ses poumons trop vides, trop secs ; pourtant, il lui était encore impossible de substituer le tissu à son regard, de dévoiler l'infâme vérité qu'il avait déjà sentie, et comprise. Des mots s'étaient échappés en désordre de ses lèvres, sortes de geignements emmêlés et fiévreux, des négations suppliantes à l'intention d'on-ne-sait-qui, alors que sa tête se secouait énergiquement de gauche à droite, comme pour chasser ce qui était déjà mais qui n'aurait pas dû être, comme pour protester contre l'image qui s'imposerait à lui s'il avait l'audace de soulever le drap.
« Guilhem, allonge-toi, tu... »
Et s'il a croisé le regard suppliant de sa sœur, c'était bien au-delà d'elle, qu'il regardait ; s'il a semblé la voir elle, si brutalement, ce n'était en réalité pas sur son visage que ses yeux s'attardaient. Il prenait conscience de la réalité de cette pièce, de ceux qui l'entouraient, il prenait conscience que tout ça n'était pas un autre songe vaporeux modelé par son esprit flou, mais bien une matérialité cruelle et objective, dont l'horreur se précisait de seconde en seconde. Il s'est rendu compte qu'il tremblait violemment, comme si son propre corps avait mis en place ce réflexe secondaire pour contrer le venin de l'horreur qui le contaminait, seconde par seconde. Et puis comme un flash brutal, il a eu le souvenir d'une souffrance colossale ; une douleur si déconnectée de ce dont il se rappelait qu'il a peiné à l'identifier comme sienne. Comme en écho, il lui a presque semblé sentir les vibrations de celle-ci dans son bras, jusqu'à ce qu'il ne puisse faire autrement que de le soulever pour l'extirper du drap, de se confronter à ce qui était.
Ou ce qui n'était plus.
Bosse meurtrie, bandée efficacement par un tissu blanc, blanc, blanc, le blanc pour cacher le rouge, l'horreur, cacher la suture, le blanc comme masque et comme torture, le blanc pour en oublier l'absence pourtant évidente – où est-elle ? Où es-tu ? Il a envie de hurler. Ce n'est qu'un hoquet douloureux qui s'échappe de ses lèvres, qui se transforme en grimace, en gémissement, prière ou supplication, Guilhem retrouve sa voix pour implorer et adjurer avec horreur, les larmes dans la gorge, la terreur dans le regard, il ne sait plus ce qu'il dit ni quel dieu il conjure, jure, jure de devenir meilleur s'ils le sortent de ce mauvais songe, jure que ça ne peut pas, ne peut pas être ça – où est-elle ? Où est-elle ? Où est-elle ?
Il avait commencé à arracher les bandages, arracher le blanc à ongles acharnés parce que désormais il lui fallait voir et chercher, il lui fallait vérifier que tout était vrai, il avait voulu arracher les pansements avec l'ardeur d'un fou à lier et ils avaient dû l'en empêcher, se saisir de ses bras pour le forcer à rester en place alors qu'il hurlait pour savoir ce qu'ils avaient fait, la tête vacillante et la nuque déployée vers le haut, il implorait qu'on lui dise enfin où elle était, comme si elle n'avait été qu'un objet perdu qu'on aurait eu toute chance de retrouver sous les coussins d'un canapé, où elle était, il le répétait et le répétait comme un fou, comme un damné, jusqu'à ce que les sanglots dans sa gorge l'empêchent de prononcer le moindre mot, que l'air dans ses poumons se fasse si rare qu'il ne parvienne même plus à former un souffle, et qu'il ne puisse plus que se terrer sur lui même, se courber là où seule régnait l'obscurité ; là où il n'y avait plus de blanc, plus rien, seule la solitude cruelle d'un tendre néant.
Guilhem n'avait jamais souhaité mourir, jusqu'à présent.
Il venait de découvrir l'idée comme une épiphanie, comme l'amie qui l'accompagnerait désormais fidèlement.
Il n'avait jamais souhaité mourir, mais à partir de ce moment, il n'aurait plus jamais tout à fait envie de vivre également.
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