prénoms, nom
Patronyme réputé, famille connue pour avoir enfanté nombre de
conseillers en magie noire, habilement associés aux tsars russes des derniers siècles – dont le dernier fut le prédécesseur du fameux Raspoutine, issu d’une lignée rivale. Un nom derrière lequel elle a eu l’habitude de se cacher toute sa vie, afin de dissimuler le secret tenace que constituait son ascendance maternelle, qu’on lui a toujours dicté de taire.
date de naissance, âge
31 octobre 1915,
trente-quatre ans.
nationalité, origines
La
Russie l’a vue naître, conférant à ses prunelles et à ses doigts le froid offert à chacun de ses enfants ; un pays quitté il y a de ça quelques années, dont le souvenir palpite parfois dans son cœur étroit. Et si elle se refuse systématiquement le droit à la nostalgie, elle reconnait parfois être épuisée par l’exercice systématique qui consiste à parler une autre langue que la sienne – se chagrinant de n’être plus jamais en mesure de s’exprimer avec l’exactitude des mots natifs. Elle ne regrette cependant jamais son exil choisi, appréciant certaines libertés ainsi gagnées en terre anglaise – ainsi que la possibilité jusqu’à présent inconnue d’exister de la manière qui lui sied.
genre & pronoms
Femme cisgenre, elle.
espèce
Hybridation cachée, née de l’union secrète
d’un sorcier et d’une vélane – ou plus précisément une espèce cousine au peuple en question. La mère de Masha est l’une des dernières représentantes les
slŭnchevi nimfi, nymphes solaires persécutées et massacrées au cours du XVIIIe siècle par le peuple sorcier. Nature double qu’on lui a appris à dissimuler à tout prix, d’abord portée comme une honte et un fardeau ; sur son cœur s’écrasent et s’accumulent les préjugés et le mépris des sorciers au sujet de son espèce, pourrissant avec la morbidité des révoltes silencieuses. Puis la honte s’évanouit au fil du temps, pour ne devenir qu’indignation pure : et si le secret de sa nature n’est jamais révélé par crainte de se voir elle-même persécutée, il s’aiguise cependant peu à peu à la manière d’une arme dissimulée.
orientation sexuelle
Digne de l’Aphrodite qu’on associe parfois à son espèce, Masha aime
les hommes et les femmes sans distinction, pour le regard qu’on pose sur elle, pour l’admiration distante qu’on a parfois à son égard. Splendeur érotique, artificialité égotique. Mais dans leurs yeux, elle ne lit souvent que le reflet de ce qu’elle est malgré elle ; vélane irréelle –
désir-poubelle. Parfois encore, elle s’en amuse avec cynisme ; se rêve muse d’une nuit, étoile filante au creux d’une lascivité enfiévrée, pour tromper l’ennui. Mais elle n’aime plus, ou de loin - entre deux utopies. Elle n’aime plus les corps qu’elle touche et auxquels elle s’offre, seulement les âmes qu’elle aperçoit, qui se faufilent un chemin dans son cœur froid. Celles et ceux auxquels elle ne parle pas.
statut civil
Se consume dans les
étreintes de passage, qu’elle fane une à une sans s’en chagriner, laissant son cœur s’incliner pour une nuit seulement. Tout autant capable d’être tactile, que de mépriser les tentatives d’envoûtement stériles ; elle dit qu’elle a le palpitant-papillon : qu’il ne bat pour un autre que pendant une poignée d’heures miraculeuses, tragiques et péremptoires. Car aux premières frontières de l’aurore, elle sait parfaitement ce qui se passera : toute essence de vélane aura alors délesté les draps, et qu’il n’en restera plus que le goût amer d’une stupide illusion.
Massacre de papillon. occupation.s, métier
Oiseau de proie passionnée par
les artefacts magiques récupérés et rachetés, des greniers vidés, des âmes qui s’éteignent ; passionnée par l’histoire de ce qui a été et qui n’est plus, qui trouve dans les récits enterrés la possibilité d’en créer de nouveaux, et de les vendre aux plus offrants. Elle offre son expertise à la
salle des ventes l’Aphrodite, éternellement fascinée par le beau, et la vertu morbide des objets abandonnés.
allégeance.s
Humanistes.
traits de caractère
Masha. Une beauté froide, façon vélane, fantasme de peintre. Instable, bien sûr. Les traits voleurs et sans valeur, symptomatiques du secret qui la gangrène — cliché de malheur. Une fleur dans les cheveux, un poignard dans leur cœur : celles et ceux qu’elle collectionne pour le plaisir de se voir aimée sans jamais l’être, qui la réchauffent autant qu’une tempête de neige. Inflexible, sûrement ; elle a changé l’espoir en
cynisme, pour le broder sur chacune de ses dents. Chaque rayon de soleil est une souillure, une nouvelle brûlure. Elle préfère encore celle de la cigarette.
Masha. L’esprit au bord du gouffre,
scindé entre deux allégeances, deux identités. Enfermée entre les clôtures d’un esprit trop acéré, victime d’un
perfectionnisme maladif qui lui dicte qu’elle n’est que ce qu’elle donne à voir. Que tout ce qu’elle cache dans l’ombre constitue son véritable pouvoir. Avare, elle l’est de sourires et de rires, elle l’est de chaleur ; couches multiples pour en protéger le cœur, l’épicentre qui brûle et qui consume le monde d’une passion trop pure.
Masha. Mondaine et figée. L’élégance en apnée. Souillure au point qu’elle voudrait s’ouvrir et s’écarteler, pour observer ce que le temps lui a fait en dedans. Et elle parie, elle parie qu’elle est cramée, putréfiée, que ses organes sont flingués ; elle parie que tout là-dedans est mort, parce que c’est comme ça qu’elle se sent parfois. Idole de vanité, le cœur de verre, ou de diamants. Alors elle leur donne – aux amantes et aux amants, à tous ceux qui daignent l’aimer sans le faire, vénérer la mascarade putride que représente le fardeau de son espèce. Avec cynisme, elle s’adonne à la plus cruelle des vanités, des
vélanités : et chaque corolle
d’orgueil creuse sa tombe, chaque inclinaison lui rappelle un peu plus sa malédiction. Un voile posé sur l’esprit pour l’affadir, le rendre las et taciturne, désemparé face à l’affection qu’elle ne cherche plus ou pas.